En dehors du fait que les malades mentaux deviennent des « oubliés » de la société qui les abandonne, les stigmatise et parfois les humilie, leurs enfants vivent un véritable chemin de croix. Pire, ils assistent impuissants à la lente et inexorable descente aux enfers de leur parents. L’Association Alliance for a Better Generation se lève contre la stigmatisation des enfants dont les parents soufrent des maladies mentales.
« Voir mon père nu errer à travers les rues, c’est terrible. C’est extrêmement pénible de vivre une situation pareille. Pire ce sont les autres enfants qui me pointent du doigt, qui me jettent un regard dur », raconte difficilement Carole Manirampa, un jeune homme de 16 ans habitant Gitega, dont son père a souffert d’une maladie mentale pendant environ 6 ans. « C’était un fardeau difficile à porter », lâche-t-il la tête baissée.
Dévastée par l’émotion, il trouve très difficilement les mots pour s’exprimer. « Mes deux frères, moi et ma sœur avons été abandonnés par l’entourage. Personne ne nous a expliqué de quoi notre père souffrait. Personne ne l’a protégé et personne ne nous a consolés. Il a été battu dans la rue. Souvent, il a été enchainé aux arbres », confie le jeune homme au bord des larmes.
Pour Monsieur Elvis Rwamigabo, psychologue clinicien et Conseiller des affaires sociales chez l’Association Alliance for a Better Generation (ABG), il est temps que la société burundaise arrête de considérer un malade mental comme un criminel. Ceux qui souffrent le plus ce sont les enfants qui vivent ces moments extrêmement traumatisant et révoltant de voir comment leurs parents sont traités par la société. Cela est inadmissible pour les enfants.
« Il a été remarqué qu’il y a des individus « sains d’esprit » qui s’amusent à provoquer un malade mental devant ses propres enfants pour voir son comportement violent. Et quand il réagit, c’est pour se faire agresser par ses provocateurs. Pour d’autres personnes, le délire de ces parents malades est un sujet de divertissement, un vrai spectacle qu’ils passent des heures à se raconter. « On dit souvent qu’il vaut mieux voir un proche mort que le voir ‟fou”. Dans une situation pareille les enfants peuvent donner raison à cette affirmation. Ce n’est pas bien pour les enfants qui risquent de grandir avec un cœur blessé et affecte leur avenir ». Ajoute Monsieur Rwamigabo.
Selon le même psychologue, dès qu’on a un parent atteint d’une maladie mentale au Burundi « les enfants ne vivent plus, ils sont vraiment malheureux, stigmatisés dans tous les sens ». Les enfants voient, impuissants, la santé de leur père ou mère se dégrader.
Plusieurs enfants des malades mentaux sont délaissés. Ils n’ont aucun accompagnement social alors qu’ils en ont vraiment besoin. C’est ainsi que l’Association Alliance for a Better Generation compte lancer bientôt une campagne contre la stigmatisation des enfants des malades mentaux. M. Rwamigabo a-t-il renchéri.
Il est à signalé que l’Association Alliance for a Better Generation, dans ses activités mets aussi un accent particulier sur la protection des enfants.
Allickan Niragira